Arcelor annonce des projets ambitieux pour 2005
Guy Dollé, président d'Arcelor, explique ses projets pour 2005. Pour faire court, il souhaite se renforcer en Turquie, où il convoite Erdemir, et en Chine. Parallèlement, il multiplie les recours contre la directive européenne sur les gaz à effet de serre même s'il approuve les objectifs de Kyoto.
Arcelor, issu de la fusion en février 2002 d'Usinor, d'Arbed et d'Aceralia, est le numéro deux mondial de l'acier avec une production d'environ 46 millions de tonnes par an. Il est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading.
Après plus de deux ans dédiés à la mise en oeuvre de la fusion, Arcelor a initié en juillet dernier un vaste programme de transformation. La consolidation des actifs de CST (Brésil) et la consolidation d'Acindar (Argentine) en 2004 ne représentent que la première étape visant à améliorer profondément les niveaux de rentabilité du Groupe. Arcelor entend continuer les cessions d'activités non stratégiques.
On observera par ailleurs que les trois-quarts du chiffre d'affaires du groupe sont réalisés en Europe, ce qui lui permet de n'être que peu affecté en cas de repli du dollar. Simultanément, le groupe poursuit une politique efficace de désendettement.
Autre facteur favorable au groupe : la forte activité chinoise est élément très positif pour le marché de l'acier mondial.
Face à ces atouts, Arcelor doit malheureusement faire état de quelques faiblesses…
Arcelor a perdu en 2004 son statut de leader mondial de l'acier au profit de Mittal Steel, né de la fusion de l'empire sidérurgique de l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal avec l'américain International Steel Group.
A long terme, les sidérurgistes d'Europe de l'Ouest risquent de souffrir de la concurrence des pays en voie de développement, dont les coûts de production sont moins élevés.
Quoi qu’il en soit, le chiffre d'affaires consolidé 2004 s'élève à 30,2 milliards d'euros contre 25,9 milliards en 2003. «Nous ne boudons pas notre plaisir qui s'explique en partie par la bonne conjoncture mondiale de l'acier, mais ces bons résultats sont le fruit de la mise en oeuvre d'une stratégie menée de manière volontaire par notre management», a dit Guy Dollé. L'exercice 2004 présente un bénéfice d'environ 707 millions d'euros «provenant essentiellement des revenus de nos participations. Grâce à la baisse des coûts et aux synergies réalisées ainsi qu'à une bonne maîtrise des stocks, Arcelor a réduit son endettement financier net de 2 milliards d'euros en 2004. Il s'élève à 2,5 milliards d'euros au 31 décembre 2004 contre 4,5 milliards fin 2003», a rappelé Joseph Kinsh, le président.
Guy Dollé explique que son groupe fait face à un ralentissement de la demande finale en Europe, accentuée par un déstockage important et réduit sa production pour maintenir ses prix.
Par ailleurs, Arcelor veut se renforcer en Turquie à travers le sidérurgiste Erdemir dont la privatisation est en cours et qui offrirait au groupe un accès à l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient. La Chine reste aussi une priorité pour le groupe.
De plus, les actifs brésiliens (30% des résultats du groupe) seront regroupés au sein d'un holding qui sera introduit à la bourse de Sao Paulo cet été.
Enfin, le président pronostique une baisse du prix du minerai de fer en 2006, après un pic en 2005, ce qui n'est pas le cas du charbon à coke.
"Depuis 2002, les matières premières de l'acier ont bondi de 240%. En 2005, le producteur de fer brésilien CVRD, qui fournit 70% de nos besoins, a imposé une hausse du minerai de 71,5%. Nous pensons que le minerai de fer a atteint son maximum et que les prix baisseront à partir de 2006", dit Guy Dollé publiée chez notre confrère La Tribune.
A la question de savoir quelle sera la prochaine acquisition du groupe, il répond : "Après le Brésil, nous espérons que 2005 sera l'année de la Turquie pour Arcelor. Le gouvernement vient de signer le décret de privatisation d'Erdemir (...) Même si nous ne sommes pas prêts à faire des folies, nous sommes très intéressés par cette société".
Il indique par ailleurs que son groupe cherche à prendre une participation majoritaire dans une société locale en Chine et conserve un intérêt pour l'Ukraine et la Russie. "A plus long terme nous nous intéressons à l'Inde", a-t-il ajouté.