Amorce exige un recadrage d’Eco-Emballages
Au lendemain de l'annonce de pertes importantes pour Eco-Emballages, directement liées à des placements financiers hasardeux (voir Eco-Emballages au pays des requins), Amorce souhaite « exprimer sa profonde indignation au nom des collectivités territoriales et des entreprises en charge de la gestion des déchets en France »...
Après avoir refusé de voter en faveur du barème D en raison de la perte de soutien qu'il allait engendrer pour un grand nombre de collectivités, après avoir prédit avec justesse la surévaluation des dépenses d'Eco-Emballages et donc la génération d'une forte trésorerie, après avoir pointé du doigt les limites de l'audit financier que nous avions demandé en 2005 et réalisé en 2008, après s'être vu imposé récemment une restriction unilatérale sur les soutiens aux cartons de déchèteries pour raisons budgétaires, la découverte de la perte d'au moins 15 millions d'Euros en raison de placement à risques de cette trésorerie est vécue par les collectivités comme une ultime preuve, s'il en était encore besoin, qu'un recadrage profond et ferme des activités de l'éco-organisme est aujourd'hui indispensable. Tel est, en substance, le message lancé par Nicolas Garnier, délégué général de l’association.
« Au-delà du gâchis financier, c'est avant tout l'impunité et le manque de contrôle d'un éco-organisme devenu hégémonique et incontrôlable qui est condamnable. Ces dernières années, Eco-Emballages a en effet pris la mauvaise habitude d'une part de s'écarter dans la forme comme dans le fond de ses missions initiales établies par agrément des pouvoirs publics, et d'autre part d'utiliser le produit du point vert comme bon lui semble (livre vert, campagne de communication, concertation des collectivités en vue des négociations du nouvel agrément, looby) ».
Dans tous les cas, les collectivités territoriales sont claires : elles n'accepteront pas de subir la moindre conséquence de cette gestion déraisonnable. Amorce appelle les contributeurs d'Eco-Emballages à condamner fermement les errances financières de leur éco-organisme, à s'engager pour le maintien des contrats et soutiens en cours aux collectivités, ainsi que pour le respect des engagements du Grenelle de l'Environnement en matière de couverture à 80% des coûts de gestion des emballages.
Pour toutes ces raisons, l’association exige une « reprise en main d'Eco- Emballages, sous la forme d'un audit financier indépendant choisi et financé par le MEEDDAT, la mise sous tutelle par la Caisse des Dépôts et Consignation des comptes d'Eco-Emballages, mais surtout demande au Gouvernement de mettre un terme à une gestion trop permissive et bienveillante vis-à-vis d'Eco-Emballages et d'assumer de manière plus autoritaire et avec d’ avantage de moyens le contrôle indépendant de ce type d'éco-organisme ».
En d’autres termes, un tel épisode devrait convaincre le Gouvernement de la nécessité de donner à la future instance de régulation prévue par le Grenelle les moyens indépendants de suivi, de contrôle et de sanction, garantie dont l'ensemble des acteurs et en particulier les collectivités ont besoin pour assurer le développement pérenne des filières dédiées de valorisation des déchets et l'atteinte des objectifs ambitieux du Grenelle de l'Environnement.