Amiante : bientôt une réglementation renforcée ?
Décidément, cette saloperie qu'est l'amiante nous veut bien des misères... Petit retour en arrière : en février 2005, les Ministères chargés de l’Ecologie, du Travail et de la Santé ont saisi l’Afsset sur les risques pour la santé des fibres courtes et des fibres fines d’amiante, non prises en compte par la réglementation actuelle. Conclusion de l'Agence : les fibres fines ont un effet cancérogène significatif ; pour les fibres courtes, rien ne permet d’écarter un effet cancérogène, même si les données sanitaires actuelles présentent de nombreuses limites d’interprétation. Bref, de nouvelles précautions s'imposent...
Afin de mieux protéger les professionnels, l’Afsset recommande d’abaisser le seuil réglementaire actuel (valeur limite d’exposition professionnelle) et d’ajouter les fibres fines au comptage des poussières d’amiante. Pour ce faire, la mesure devra se faire nécessairement en microscopie électronique. Ces règles plus rigoureuses réduiraient l’exposition des professionnels au risque amiante. En effet, rajouter les fibres fines au comptage accroît de 25% le nombre de fibres comptabilisées. De plus, le recours à la microscopie électronique permet de compter les fibres fines et d’identifier précisément la nature des fibres d’amiante.
L'Agence recommande également d’abaisser la valeur réglementaire actuelle de 5 fibres par litre, qui définit le niveau résiduel autorisé à l’intérieur des bâtiments. Cette valeur sert au déclenchement des travaux de désamiantage. Cette valeur avait été calculée sur la base du bruit de fond de la pollution des années 70. Celui-ci avait déjà diminué d’un facteur 10 au début des années 90. Il importe d’actualiser cette valeur limite.
Enfin, l’Afsset propose de créer un nouveau seuil réglementaire spécifique pour les fibres courtes d’amiante, applicable dans les environnements intérieurs (établissements recevant du public...). Ce seuil concernera les situations de dégradation importante de matériaux amiantés (dalles vinyle amiante dans des couloirs à forts passages...) qui ne génèrent pratiquement que des fibres courtes, en quantité parfois importante. Ces situations ne sont pas couvertes par la réglementation actuelle qui ne compte que les fibres longues.
Ce rapport d’expertise a été rendu possible grâce à 3 ans de travail d’analyse critique de la littérature scientifique, du financement d’une étude sur la toxicité des fibres d’amiante selon leurs dimensions et de 3 études sur la composition des nuages de poussières d’amiante (environnement intérieur/extérieur, agglomération parisienne/Corse, secteurs industriels). Ce rapport est aussi le résultat de 2 journées internationales organisées par l’Afsset pour confronter ces résultats avec des experts de la communauté internationale.
L’Agence a conduit son travail selon les principes de l’expertise collective, transdisciplinaire et indépendante. Elle a associé des scientifiques extérieurs dans un groupe de travail sous la présidence du Pr Christophe Paris, professeur des universités - praticien hospitalier en médecine et santé au travail à Nancy, et ces travaux ont été revus par son comité d’experts spécialisés sur les "milieux aériens", présidé par le Dr Christian Elichegaray, chef du département Air de l’Ademe.