Amétyst II : une page se tourne pour l'usine de méthanisation qui tourne rond

Souhaitée en son temps par Georges Frêche, l'unité de traitement des déchets de Montpellier a fait couler beaucoup d'encre depuis 2008, date à laquelle elle a été mise en service : critiquée de manière parfois sévère depuis plusieurs années, l'outil dédié au traitement des déchets de la métropole a bénéficié de nouveaux investissements financés par le délégataire : grâce aux 10 millions d'euros injectés par Suez, qui s'est vue renouveler le contrat de DSP en 2014, une somme destinée à revoir le procédé, l'usine qui traite 51% des déchets du territoire en nouvelles ressources, amorce une nouvelle carrière ; Amétyst II a été inaugurée hier par Jean-Louis Chaussade, Directeur Général de Suez, et Philippe Saurel, Président de Montpellier Méditerranée Métropole...
Située au sud de Montpellier, ses débuts n'ont pas été simples : dès 2008, la vie d’Amétyst a été pavée de nombreux rebondissements avec des critiques sévères quant au choix des élus de l'époque, égratignant au passsage le process en lui même, quand bien même le concepteur constructeur (Vinci Environnement) a réalisé des travaux supplémentaires, un rappport de la Cour des comptes ayant même fait état de nombreux « dysfonctionnements », des nuisances olfactives (et oui... l'agglomération avait grandi et gagné la proximité de l'usine) et un « pullulement de mouches » (lequel avait été jugulé), autour de cette infrastructure de valorisation des déchets, qui enregistrait des résultats loin de satisfaire les objectifs fixés en terme de performance, l'unité de traitement n'ayant pas été aidée par ailleurs, tant elle a été mal aimée ; ceci relève aujourd'hui du passé ; comme l'a souligné Cyril Meunier, élu en charge de la vaorisation des déchets, « on en a bavé, mais on y est arrivé »...



Le temps de séjour des déchets dans les digesteurs (l'unité de Montpellier Méditerranée Métropole comprend 8 digesteurs : 2 pour le compost de biodéchets, 2 pour le compost OMR et 4 pour le stabilisat.) était programmé sur 20 jours ; à la suite de cette dégradation, la production de biogaz, lequel est capté puis acheminé vers le module de valorisation, se devait d'être valorisée par des moteurs produisant deux types d'énergies complémentaires : 30 000 Mégawatts d'électricité vendus à EDF, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 25 000 habitants, et 20 000 Mégawatts de chaleur récupérée sur les moteurs, utilisée en partie pour les besoins de l'unité.
Les produits issus des digesteurs (digestats des OMR, biodéchets et stabilisats), stockés pendant 4 à 5 semaines dans le hall de maturation, puis affinés, devaient produire 24 000 tonnes de compost d'ordures ménagères résiduelles et 4 000 de compost de biodéchets. Ces composts étant destinés pour 70% en agriculture et pour 30%dans des filières non agricoles (aménagements d'espaces publics, pour les espaces verts liés à des grands travaux, etc...) ; le stabilisat étant quant à lui, destiné au centre de stockage de déchets non dangereux de Montpellier Méditerranée Métropole. Voilà ce qui était programmé à l'origine. Sauf que l'unité n'a pas été en mesure de traiter les tonnages attendus, ce qui n'a pas permis de produire l'énergie prévue, tandis que le compost ne correspondait pas à la norme NFU 44051.

Les investissements ont été réalisés ; en inaugurant « Amétyst II » hier, la métropole de Montpellier et son délégataire de service Suez ont souhaité prouver que les épisodes passés relèvent de l'histoire. « La page est tournée », a indiqué Philippe Saurel, maire et président de la métropole. « Désormais, c’est un outil qui fonctionne (…) », a complété Cyril Meunier.

Dès 2017, le site se donne pour objectif de produire 22 GWh électriques et 12 GWh thermiques (qui seront utilisés pour fournir chauffage et eau chaude sanitaire pour l’éco-quartier montpelliérain des Grisettes et la climatisation d’une importante clinique), mais en outre un peu plus de 33 000 tonnes de compost à la norme NFU 44-051 (3 500 tonnes ont été fournies sur oût et septembre, en cette année de redémarrage), étant entendu que deux types de produits sortiront de l'usine via des criblages différents : 0-5 et 5-20, ce dernier sera utilisé par les filières d’aménagement des espaces publics et des espaces verts, et le premier par les arboriculteurs et viticulteurs de la région, ce qui limitera d'autant l'utilisation d'engrais chimiques. Les exploitants tablent par ailleurs sur une production de 12 000 tonnes de CSR, le tri permettant d'extraire environ 3 500 tonnes de ferrailles et 350 tonnes de métaux.
Si le coût de traitement est de l'ordre de 85 euros la tonne, un tarif raisonnable s'il en est, il restera un combat à mener, celui du traitement des biodéchets, incontestablement la maillon faible du moment : paramétrée pour traiter 15 à 20 000 tonnes par an, l'usine n'absorbe que les1 500 tonnes collectées par l'agglomération qui planche sur le sujet. afin de capter très vite, davantage de matière.
« Nous devions être les simples exploitants d'une usine qui était censée fonctionner. Nous avons beaucoup travaillé avec la métropole pour parvenir à ce résultat », a insisté Jean-Louis Chaussade. « C'est un pari gagné par les équipes de Suez », s'est félicité Philippe Maillard, directeur général Recyclage et Valorisation au sein du groupe. « Aujourd'hui les objectifs de l'usine sont en grande partie atteints », a confirmé Cyril Meunier, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, qui n'a pas manqué de rappeler à l'assistance qu'il y a dix ans, les ordures ménagères de l'agglomération s'entassaient dans une décharge proche d'une zone Natura 2000...L'unité Amétyst, qui valorise 51% des OMR du territoire, emploie 70 salariés ; elle est à ce jour, le plus grand centre de méthanisation de France. Sa remise à niveau « a été un combat technique difficile, mais nous en avons les résultats aujourd’hui » (…) « Ce centre d’excellence technique est une référence européenne. Il permet à Suez de se positionner à l’international, car la production de méthane et compost à partir des déchets intéresse énormément les villes ». Ne perdons pas de vue que « les déchets ménagers sont la matière première de demain !», a réaffirmé Jean-Louis Chaussade en concluant son propos.
