Aluminium : trop de pollution, pas assez de recyclage ?

Le 25/03/2013 à 16:15  

Aluminium : trop de pollution, pas assez de recyclage ?
aluminium Les Amis de la Terre ont tout récemment publié une étude sur la collecte et le recyclage de l'aluminium en Europe et appellent dans un communiqué à une meilleure gestion des déchets pour réduire le prélèvement de ressources et ses impacts environnementaux et sociaux. "En France, seulement 57% de l'aluminium utilisé dans l'emballage est recyclé alors qu'il est intégralement recyclable. Ce gisement qui échappe au dispositif de collecte représente une menace potentielle pour l'environnement et la santé", indique l'association...

 L'étude "Aluminium : augmenter le recyclage pour réduire les importations" (disponible ici) se penche sur les impacts environnementaux et sociaux de l'extraction, l'utilisation et l'élimination d'un des matériaux de plus en plus utilisé en Europe. Ce dernier est utilisé dans de très nombreux domaines qui vont du transport, aux batiments, jusqu'aux canettes, pour ne citer que ces quelques exemples ; cela étant, les impacts environnementaux ne sont pas assez souvent abordés. La fabrication d'aluminium demande de nombreuses étapes allant de l'extraction de la bauxite, le minerai à l'origine de l'aluminium, à sa transformation en alumine puis en aluminium. Ces différentes étapes sont polluantes, consommatrices d'énergie, et s'accompagnent d'autres dommages environnementaux.

 "Les différentes propriétés physiques de l’aluminium (malléable, léger, inoxydable) en font un métal fascinant, précieux dans le secteur de l'architecture. Mais son utilisation dans les emballages, en chimie alimentaire, dans les produits de cosmétique et dans la pharmacopée posent de plus en plus de problèmes. Des études approfondies ont prouvé que l’aluminium, ses composants, ses sels ou ses dérivés favorisaient l’apparition du cancer du sein, de diverses allergies, d’infections auto-immunes voire de la maladie d’Alzheimer. Les meilleurs gisements de bauxite se trouvent sous les tropiques, en Afrique de l'Ouest, en Australie, en Inde et en Jamaïque. Mais c’est à Porto Trombetas dans le nord du Brésil que se situe l’une des mines les plus rentables au monde, aux mains d’une multinationale. Pour l’exploiter, il faut abattre chaque année l’équivalent de 250 terrains de football de forêt humide primaire, essentielle à la biodiversité. Les boues rouges liées à l’extraction sont toxiques, comme l’a montré la catastrophe écologique survenue en Hongrie en 2010 [voir notre article]", explique le documentaire "Planète Alu", diffusé récemment sur Arte et visionnable dans son intégralité ci-dessous.
 

 Et les Amis de la Terre de souligner que la dimension individuelle de la canette n'est pas la caractéristique d'un produit "écologique" : elle encourage des modes de consommation qui faute de dispositif de collecte performant, sont consommateurs de ressources et générateurs de déchets. En effet, alors que le recyclage des ménages est principalement réalisé en France dans l'habitation, les canettes de boisson sont davantage consommées hors du domicile. 43% d'entre elles sont donc jetées avec les autres déchets ménagers et ne sont pas recyclées. Des solutions existent pourtant pour limiter les impacts de nos consommations : en Allemagne, où une "consigne recyclage" est en place, le taux de recyclage atteint 96%. L'association demande donc la mise en place d'une consigne pour tous les emballages de boisson afin d'accroître les taux de collecte et de recyclage en France. Elle réclame également une campagne de sensibilisation financée par les producteurs d'emballage dans le cadre d'une REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) "pour faire évoluer nos modes de production et de consommation vers des activités et des attitudes plus responsables et durables".

 "Il y a aussi un besoin urgent de changer fondamentalement les politiques de l'Union Européenne et de mettre fin au gaspillage. La réduction des déchets contribuerait non seulement à réduire les émissions de carbone, mais aussi à créer des emplois en Europe et à réduire la dépendance aux importations de matières premières", souligne Camille Lecomte, chargée de campagne aux Amis de la Terre. C'est pourquoi l'association appelle à une meilleure politique de prévention des déchets qui comprend la promotion du réemploi et de la réparation (avec des objectifs chiffrés), de nouveaux dispositifs plus ambitieux de collecte et de recyclage des matériaux pour valoriser les ressources déjà prélevées et la marginalisation de la mise en décharge et de l'incinération pour réduire les impacts environnementaux des déchets.