Alsace: un système de collecte des DASRI ingénieux
Il y a en Alsace deux unités de traitement par incinération, qui traite à 83% de DASRI issus de la région. Les gisements traités en région, qui sont en constante augmentation depuis 2006, s'élève à 5 728 tonnes pour l'année 2008. Ils sont gérés à 89% par l'unité de Strasbourg. En ce qui concerne les déchets infectieux produits par les patient en automédication, cela représente entre 2 000 et 3 000 tonnes de déchets par an. Les pharmaciens proposent déjà des boîtes spéciales afin de collecter des objets piquants, coupants, tranchants, souillés, stockés par des patients diabétiques ou toxicomanes. Malheureusement, faute de structure de collecte adaptée, ces boîtes finissent dans la poubelle...ou pire, dans la nature. Un système de collecte adapté permettrait d'améliorer les taux de recyclage et de valorisation de ces déchets, mais surtout de diminuer les risques d'infection et de contamination liées à la manipulation de ces produits.
Au niveau du cadre juridique, le Grenelle de l'environnement instaure une obligation d'ici le 1er janvier 2011 pour les laboratoires, les pharmaciens et les collectivités de prendre en charge la gestion des DASRI. Il y a 18 mois, le syndicat des pharmaciens du Haut-Rhin a décidé de mettre la main à la pâte. Il a fait appel à l'entreprise mulhousienne de Medeco, spécialiste dans les solutions pour le tri et la gestion des DASRI.
De cette coopération est né un système de collecte innovant et d'origine Alsacienne: des bornes sécurisées, gratuites et accessibles 24h sur 24 sur le domaine public, ont été aménagées, sans discrimination, entre les zones urbaines et rurales. Le cogérant de la société Medeco, Steve Jecko, précise que le grand avantage avec cette solution, "c'est que les gens n'ont pas besoin de se rendre à la déchèterie, un dispositif qui n'a pas fait ses preuves là où il a été expérimenté". Les bornes sont baptisées Eos : elles sont fabriquées par l'entreprise de mobilier urbain Sineu Graff, à Benfeld (Bas-Rhin, 67) et commercialisées par Medeco. Le principe est simple, chaque patient aura une boîte de collecte et une clé pour ouvrir la borne. Une fois jeté, il sera impossible de récupérer le contenant. La borne peut contenir jusqu'à 60 litres.
L'innovation ne se limite pas aux bornes, financées en partie par les laboratoires et en partie par le vente d'espaces de communication sur les contenuers en question. Medeco compte se charger de l'installation de la maintenance et de l'entretien des bornes, mais elle a aussi imaginé un service de collecte et une solution de traitement des DASRI. Le ramassage et le transport vont être assurés par l'entreprise d'insertion Scoproxim (Strasbourg) : les déchets sont amenés jusqu'à un "banaliseur. Ils ne seront donc pas incinérés, comme c'est très souvent le cas, mais détruits par banalisation, c'est-à-dire par un broyage stérile à très haute température.
Le dispositif original va être mis à l'essai dans trois zones: les régions de Haguenau et de Saverne (Bas-Rhin), et le territoire de la communauté des communes de la région de Guebwiller. Une vingtaine de bornes y seront installées dès l'automne. Le banaliseur sera quant à lui construit dans l'Aire d'activités du Florival, à Guebwiller. L'entreprise Medeco a déjà un autre objectif en tête: collecter les déchets infectieux des structures hospitalières. Un dispositif qui a donc beaucoup d'atouts à son actif, et qui pourrait bien servir d'exemple pour d'autres régions de France. A suivre...