Allemagne : une économie environnementale performante !
Les conclusions du premier "Rapport sur l'économie environnementale" (Umweltwirtschaftsbericht), publié le 16 janvier dernier par le Ministère fédéral de l'environnement (BMU) et l'Office fédéral de l'environnement (UBA), sont formelles : la protection de l'environnement est une branche lucrative de l'économie allemande. Chez nos voisins, ce secteur emploie aujourd'hui plus de 1,8 million de personnes, 1 emploi sur 20 est lié à des biens et services autour de l'environnement et 1 produit industriel sur 20 contribue d'une certaine façon à la protection de l'environnement, avec une production croissante de 27% entre 2005 et 2007. Toutefois, l'investissement dans ce secteur n'est pas tout à fait épargné par la crise et très peu de nouveaux crédits sont débloqués pour des projets écologiques de long terme, comme par exemple pour la construction de parcs éoliens...
D'après le rapport, l'Allemagne est particulièrement performante dans le secteur des énergies renouvelables (EnR), ainsi que dans celui du recyclage et du traitement des déchets des secteurs dont elle détient plus du quart du marché mondial. La croissance de ce marché prévue pour les prochaines années est très prometteuse pour l'industrie allemande. En 2005, l'investissement mondial des entreprises dans les technologies "vertes" s'élevait à 1 000 milliards d'euros ; en 2020, il devrait atteindre 2 200 milliards d'euros.
Ce boom environnemental a particulièrement profité aux constructeurs de machines qui ont vu leur chiffre d'affaires lié à l'environnement progresser de 10 à 31,9 milliards d'euros en 5 ans, ceci grâce au développement des énergies renouvelables, et en particulier de l'énergie éolienne. Selon les estimations du BMU, 250 000 personnes sont employées dans ce secteur. Le plus gros marché reste cependant celui de la purification de l'air, c'est-à-dire le marché des filtres à particules, catalyseurs et systèmes de filtration. De plus, le secteur des services liés à l'environnement emploie déjà 1,1 million de personnes, de l'employé du supermarché biologique au conseiller en énergie, et devrait progresser davantage dans les prochaines années.
Plus qu'à une prise de conscience environnementale grandissante, c'est aux obligations plus strictes, aux prix énergétiques croissants et aux investissements nationaux que cette croissance doit être attribuée. Le gouvernement fédéral allemand a lancé par exemple l'année dernière un programme de modernisation de bâtiments visant à encourager la rénovation énergétique grâce à l'attribution de nombreux crédits par la banque publique allemande KfW. Selon la Fédération centrale de l'artisanat allemand, de nombreuses entreprises du bâtiment se spécialisent dans la rénovation énergétique face à la demande croissante.
Les experts de l'UBA estiment que les conséquences de la crise économique se réduiront à une légère baisse de cette croissance. Les fournisseurs d'énergies renouvelables (EnR), qui contribuent déjà à 15% de l'électricité, ne voient aucune raison de réévaluer à la baisse leurs objectifs. L'association nationale pour les EnR (BEE) compte sur des effectifs deux fois plus importants d'ici à 2020. Le gouvernement fédéral allemand prévoit également que d'ici-là le vent, l'eau et le soleil permettront de couvrir plus d'un tiers des besoins en électricité.
Le BMU voit dans ces chiffres une preuve de plus que protection de l'environnement peut rimer avec succès économique. Et le rapport de conclure : "Ecologie et économie ne peuvent plus être considérées comme des approches contradictoires".