Algues vertes : la Bretagne se mobilise
Le rassemblement qui a eu lieu il y a une dizaine de jours à Hillion (Côtes-d'Armor, 22), afin de protester à nouveau contre la prolifération des algues vertes en Bretagne, a été un franc succès : près de 3 000 citoyens ont fait le déplacement pour exprimer leur ras-le-bol face à cette situation qui dure depuis près de 30 ans...
Ces algues vertes prolifèrent lorsque des conditions climatiques "favorables" sont associées à un excès de nitrates dans l'eau, nitrates générés eux-mêmes en grande partie par l'activité agricole (lisier des élevages intensifs et engrais chimiques).
Jusqu'à présent, ces algues constituaient une dégradation environnementale de plus à gérer dans le contexte alarmant de mauvaise qualité des eaux des rivières bretonnes, et depuis quelques années, un manque à gagner économique pour les activités touristiques de la région. Aujourd'hui, suite à la mort par asphyxie d'un cheval sur une côte de St-Michel-en-Grève cet été, leur toxicité est reconnue par l'Etat et le problème devient une affaire de santé publique. Devraient-elles être considérées comme des déchets dangereux ?
Une mission interministérielle a donc été chargée d'établir un plan d'action d'ici quelques semaines (voir notre article). Parmi les solutions envisagées : le ramassage des algues, solution indispensable à mettre en oeuvre mais sans doute insuffisante...
En effet, depuis de très nombreuses années, scientifiques et associations bretonnes de défense de l'environnement et d'agriculteurs durables ne cessent de réclamer un changement du modèle agricole breton. Dans cette région, qui représente 6% du territoire national mais regroupe 60% de la production de porcs de la France, la réponse à apporter a pourtant été identifiée depuis longtemps : désintensifier l'élevage en limitant le nombre d'animaux à la capacité des sols à absorber leurs déjections...
De nombreux agriculteurs sortent d'ores et déjà du système intensif et du carcan de l'agro-industrie pour développer une agriculture de qualité, respectueuse de l'environnement : porc sur paille au lieu du porc élevé sur caillebotis, pâturage pour les bovins, agriculture biologique, etc. Seuls ces modèles d'exploitation durables pourront sauver les eaux bretonnes...
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Les algues vertes bientôt classées comme déchets dangereux ?.