Algues vertes: en route pour la méthanisation
L'Ademe Bretagne, missionnée par l'Etat, lance donc un appel à projets d'unités de méthanisation dans le cadre du plan de lutte contre la prolifération de la véritable marée verte qui envahit les côtes bretonnes à chaque été. Cet appel vise à développer la méthanisation des effluents d'élevage agricole sur des bassins versants en amont des zones littorales les plus touchées. Cela permettrait de faire face aux problèmes environnementaux et de santé, engendrés par la pollution des algues, tout en produisant du biogaz et du digestat. Car si on peut limiter la pollution, c'est un plus, mais s'il est aussi possible de valoriser ces déchets, c'est encore mieux.
Les baies concernées sont celles de Concarneau, de Douarnenez, de Saint Brieuc, et de la Fresnaye, les anses de Guisseny, de l'Horn-Guillec et de Locquirec et la grève de Saint-Michel. Le président de l'Ademe Bretagne, Gilles Petitjean, indique que "les deux objectifs poursuivis sont de méthaniser les lisiers et fumiers excédentaires des baies à algues vertes et de substituer 50% d'engrais minéraux utilisés dans ces zones par du digestats de méthanisation". La date limite des candidatures est fixée au 31 décembre 2010, ou au 30 juin 2011 pour la seconde phase de sélection de l'appel à projets. Au total, un vingtaine d'unités seront construites dans les bassins bretons.
Le procédé de la méthanisation n'est pas encore très exploité en France. Et pour cause : il coûte bonbon! Cela étant, il permet de transformer des matières organiques, grâce à une fermentation anaérobie, en digestat ou biogaz. Ce dernier, valorisable énergétiquement, est composé de 50 à 70% de méthane. Ce digestat peut être épandu au champ. Vous pouvez lire notre article Méthanisation: un procédé en phase avec son temps pour plus d'informations. Cependant, il n'existe qu'une vingtaine de méthaniseurs en France, dont 4 en Bretagne, contre 5 000 en Allemagne. En Bretagne, avec le plan biogaz (vingts projet en cours), la région devrait alors compter une quarantaine d'unités. A terme, le projet est de réaliser 50 à 100 installations par an en Bretagne. Tous ces projets sont pilotés par l'Ademe et financés par l'État, la région et les départements. En ce qui concerne les conditions demandées pour les appels d'offres, les projets peuvent être portés individuellement ou collectivement. Ils peuvent être agricoles (projets "à la ferme") ou non-agricoles (projet "multi-acteurs"). Les substrats ciblés sont en majorité des déjections animales, mais ils peuvent être complétés par des sous-produits agricoles, des déchets de l'industrie agro-alimentaire, ou de collectivité.
En ce qui concerne les fonds, les taux d'aides publiques maximaux correspondent à une fourchette de 40 à 60% des investissements. Normalement, elles permettent de recevoir un retour brut sur investissement de 6 ans. En définitive, il n'existe pas d'enveloppe totale prédéfinie concernant le montant des aides accordées. Au final, une sélection finale est prévue fin août 2011. Il ne reste plus à voir si les projets se bousculent au portillon.
Pour plus d'informations, vous pouvez télécharger le projet à appel d'offres sur le site Ademe Bretagne.
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