Elles sont vertes et font pâlir bien du monde, enquiquinant l’industrie touristique concernée tout autant qu’elles empoisonnent les collectivités qui ont la charge de s’en débarrasser. Car ce n’est pas une mince affaire que de s’en dépêtrer quand le littoral est touché… C’est sans compter la valeur de certains techniciens qui se sont penchés sur la possibilité de les valoriser… et qui ont trouvé une solution, proposée et acceptée par communauté de communes de Lamballe (22) du Penthièvre – Mène qui a fait installer une plateforme de séchage afin de doper la valorisation de ce déchet d'un genre si particulier …
En France, la société Scolari, représentée par EPO a récemment été retenue pour la fourniture d'un sécheur pour algues vertes, dans le cadre d’un appel d’offres public lancé au premier semestre 2010 par la communauté de communes de Lamballe (Côtés d'Armor) du Penthièvre–Mène. Il s'agit concrètement de réaliser une plateforme pilote de séchage des algues vertes.
S'il est vrai que le projet est jusqu'à maintenant resté confidentiel, il n'en demeure pas moins vrai que le pilote est désormais opérationnel, et ce depuis 3 mois ; sa maîtrise d'oeuvre ayant été confiée à la société Ar Teck.
L’objectif est bien évidemment de faire émerger des solutions pérennes pour la valorisation des algues vertes, un sujet embarrassant s'il en est pour les communes concernées (voir notamment Algues vertes : des déchets qui nous pourrissent la vie et Algues : une ressource à exploiter, un déchet à valoriser).
"Au-delà de l’écho médiatique que nous avons tous reçu, relatif à l’impact de l'apparition de l'algue verte sur l'activité touristique, l’élimination de ces algues, bien que très ponctuelle, constitue une véritable problématique moins médiatisée à laquelle doivent faire face les collectivités", nous confirme Hervé Pollino, dirigeant la société EPO.
L’objectif de ce pilote est de "sécher les algues à basse température en vue d’une valorisation énergétique de celles-ci ; l’utilisation de l’air chaud provenant des aéros réfrigérant de l’incinérateur voisin, étant pressentie comme une source d’énergie potentielle", poursuit le dirigeant de EPO.
Le séchage des algues est particulier puisque l’algue est constituée d’un feuilletage laissant difficilement passer l’air, la partie en contact avec la source de chaleur (pouvant être le soleil sur la plage) formant par ailleurs une pellicule étanche à l’air.
"La conception de l’équipement proposé par Scolaria été fondée sur une expérience antérieure de séchage d’algues alimentaires (en baie de Venise), une agitation de l’algue en phase de séchage permettant de réaliser une bonne pénétration de l’air dans le produit.
La polyvalence de séchage a également été éprouvée avec des boues, bois et co-produits agricoles, car l'exploitation d'un sécheur ne pourra pas être uniquement fondée sur une production liée à un phénomène aléatoire et saisonnier. La particularité des sécheurs Scolari est justement de pouvoir traiter alternativement différents types de produits, boues, bois et produits agroindustriels... De ce fait, les résultats du pilote seront donc riches d'enseignements pour concevoir un équipement sur mesure prenant en considération la caractérisation des produits et les sources d’énergies disponibles, il s’agit donc là d’une étape importante dans le parcours de la valorisation de l’algue verte", ajoute Hervé Pollino.
De mémoire des anciens de la région, l’algue verte a toujours existé a des degrés divers, mais il est vrai que ces dernières années ont mis en évidence des pics d'arrivée de ces algues. Il faut préciser, à titre anacdotique, que la difficulté rencontrée par le pilote a été d'avoir des algues! De fait, l'apparition de ces dernières est un phénomène très particulier : non seulement il est ponctuel mais en plus, il est très localisé.
Par le biais des marées, il peut en effet y avoir une arrivée massive (spectaculaire et médiatique) d'algues débarquant sur le littoral, et puis... plus rien, pendant plusieurs semaines ...
Il est bon de souligner que la question de la valorisation de ces algues vertes a été prise au sérieux par la société SPIDEM (Société Picarde d’Innovation et de Développement des Matériaux) qui a travaillé en relation étroite avec le laboratoire IMAP de l’UPJV (Université Picardie Jules Verne à Amiens) pour une "valorisation matériau" de cette biomasse.
Des résultats encourageants, voire prometteurs, ont d'ores et déjà été enregistrés, permettant la fabrication de bio liant (colle) potentiellement utilisable pour l’industrie du bois. De la même manière que l'on peut aussi fabriquer du papier à partir de ces éléments marins : voir Algues vertes de Bretagne : la solution papier.
Le séchage constitue, c'est évident, la première étape avant la valorisation énergétique des algues, puisqu'il est important dans ce cas de figure d'en augmenter le PCI.