Il faut être italien pour avoir des idées pareilles. Italien, c’est-à-dire être toujours à la recherche de solutions technologiques innovantes et originales. On n’est pas descendants du Grand Leonardo di Vinci pour rien. A l’époque pas très ancienne où dans tous les autres pays, on commençait à être envahi par les matières plastiques, les italiens furent les premiers à mettre au point des technologies pointues de recyclage qui font toujours recette car les italiens sont toujours parmi les premiers fabricants de matériels pour le recyclage des plastiques.
Aujourd’hui, ce n’est pas de plastiques dont il est question, mais des fameuses algues vertes de Bretagne qui tuent les sangliers sans balles à ailettes. Les nitrates seraient un peu responsables de la prolifération de ces algues mais pas trop quand même parce qu’il ne faut pas trop dire de mal de l’agro-industrie dans cette région. Les algues, mais pas toutes apparemment, on peut en faire un tas de choses, parait-il. Du bio-carburant, cela se dit, des cosmétiques, des engrais et il y en a même certaines qui sont comestibles. Avec les algues vertes des plages de Bretagne, les sangliers ont dû laisser passer la date de péremption. Mais où sont donc passés nos Italiens dans cette histoire ? Ils sont là et avec une proposition qui pourra paraître insolite en première lecture. De ces algues vertes de Bretagne, ils se proposent de faire du papier. Quelques esprits chagrins ne manqueront de penser qu’il s’agit encore là d’exploiter le malheur des gens en les faisant rêver qu’une solution intelligente existe. Pas la moindre trace de charlatanisme dans cette histoire. La société de production de papiers Favini qui vient de faire une petite tournée sur les plages de Bretagne produit du papier à base d’algues depuis 1992. Rien à voir avec la société agréée née à la même époque. Elle a mis cette technique au point à cette époque pour sauver la lagune de Venise qui était déjà, à cette époque envahie par les algues vertes. Elle produit depuis cette époque un papier à lettres à base d’algues vertes chargé de 30 à 80 % de cette matière première pour le moins originale. Et comme sur la lagune, les algues viennent aujourd’hui à manquer, Favini a décidé de diversifier ses approvisionnements et aurait déjà acquis plus d’une centaine de tonnes d’algues bretonnes et ne compte pas s’arrêter là. Favini à elle seule ne réglera sans doute pas le problème des algues vertes bretonnes, mais d’ici à ce que nos papetiers qui se plaignent toujours de manquer de matières premières se ruent sur celle-là, il n’y a pas des kilomètres.