Algérie : quand la ferraille mène derrière les barreaux…
Corruption, blanchiment d’argent, scandales donnent maille à partir aux services du CTRI (Centre territorial des recherches et investigations) en Algérie. Mais l’enquête avance peu à peu : elle a donné lieu à quelques interpellations fin avril : dans le collimateur, ce qui est considéré par certains comme une poule aux œufs d’or et pour d’autres comme une matrice pour malversations ou une «usine» à scandales. Au bout de la lorgnette, un patron d’une entreprise de déchets métalliques et le complexe sidérurgique ArcelorMittal d’El Hadjar régulièrement secoué il est vrai, par des «affaires» le mettant sur le devant de la scène, de l’autre côté de la Méditerranée…
Le Centre territorial d’investigations et de recherches (CTRI), dépendant du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) du ministère de la Défense nationale «prend de vitesse» les autres services de sécurité pour mettre au jour ces «affaires» qui portent atteinte à l’économie nationale… Avec à la clé, quelques rebondissements dans l’affaire de corruption et de blanchiment d’argent en Algérie, dans laquelle, est accusé le vice-président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Annaba, Hacene Fellah, arrêté récemment à son domicile ainsi que l’un de ses gardes du corps qui a cherché à s’interposer aux éléments du CTRI d’El-Hadjar dans la wilaya de Annaba, ainsi que son chargé des affaires.
Pour ceux qui l’ignorent, Hacene Fellah est non seulement un membre influent du RND local, mais aussi le président d’honneur de l’USM Annaba, président de l’association de réinsertion d’anciens détenus, président d’honneur d’un club de foot, patron d’une entreprise de récupération de déchets ferreux et non ferreux : arrêté et emmené vers une destination non confirmée (ce serait à Constantine) par les agents du CTRI, il y a de quoi faire causer…
De fait, le bureau du monsieur au sein de l’APW a été perquisitionné et des documents ont été saisis. « L’homme auquel on attribue des pouvoirs insoupçonnés au vu des milliards qu’il a amassés ces dix dernières années est poursuivi pour blanchiment d’argent, enrichissement illicite, corruption, malversations et autres ».
Comme c’est souvent le cas, notre confrère algérien révèle aussi que comme de coutume, « toutes ses relations d’affaires étaient injoignables et on rapporte que certains hommes d’affaires ont déjà pris le large de peur d’être à leur tour arrêtés, car ayant trempé dans des malversations »…
Selon un autre de nos confrères, Le Quotidien d’Oran, les mêmes services chargés de mettre toute la lumière sur cette affaire, aux ramifications qui risquent de faire tomber beaucoup de têtes, ont interpellé aussi, l’ex-directeur chargé de la sécurité au niveau du complexe d’ArcelorMittal, son adjoint, deux autres cadres de ce complexe, chargés de la production ainsi que de la soeur d’un autre haut cadre de cette usine.
Au complexe sidérurgique, aucun responsable n’aurait souhaité faire de déclaration, alors que le récupérateur de déchets ferreux était en relation directe avec plusieurs services. Infréquentable ? C’est en effet une maladie qui touche généralement ceux qui façonnent leurs relations de telle sorte qu’on leur mangerait dans le creux de la main…. De là à dire que tout cela se fait à grands coups d’arrosages de toutes sortes, on n’osera évidement pas. Mais…
L’enquête dans laquelle sont en train de s’investir les éléments du CTRI, pour atteinte à l’économie nationale, fait suite à l’arrestation puis la condamnation de deux Indiens de l’entreprise GSW (Grand Smithy Works) et de deux gardiens algériens pour faux et usage de faux et surfacturation.
L’inquiétude gagne donc certains milieux, particulièrement ceux qui, ces dernières années, se sont enrichis de manière illicite et dont les signes extérieurs s’étalent au grand public. Et il a de quoi... En d’autres termes, cette opération, qui a pris dans ses filets un milliardaire dont les ambitions politiques visaient des postes d’envergure nationale, est venue semer le trouble près d’un an et demi après l’affaire qui a ciblé la société indienne Grant Smithy Works à l’origine d’un préjudice évalué à plusieurs milliards de dinars dont a été victime le complexe sidérurgique d’El Hadjar.
Enfin, sur la place publique, l’on susurre dajà que d’autres personnes, versées ou non dans les activités de la ferraille, sont concernées par l’enquête…