Agriculture : des alternatives au polyéthylène ?
Le polyéthylène, un dérivé du pétrole, est massivement utilisé dans l'agriculture bien que sa biodégradation dans l'environnement puisse prendre des centaines d'années. A partir de 2010 son usage devrait être restreint dans plusieurs domaines ; les agriculteurs recherchent donc des alternatives rentables et efficaces pour le remplacer...
Le Centre de Recherche et de Technologie Agroalimentaire d'Aragon (CITA) en Espagne réalise un projet de recherche sur de futures alternatives à l'usage du polyéthylène dans l'agriculture. Il est utilisé dans la couverture du sol des champs qui est recouvert par bandes d'une pellicule de ce produit afin de la protéger des mauvaises herbes et réduire la quantité d'eau nécessaire pour l'irrigation. Cette recherche est menée par le CITA d'Aragon en collaboration avec des équipes de scientifiques de 4 communautés autonomes : La Rioja, la Navarre, Castilla-La-Mancha, et la Catalogne.
Depuis 2005, plusieurs matériaux biodégradables sont à l'essai afin de remplacer le polyéthylène : le blé, le riz, l'orge, différents matériaux plastiques biodégradables, différents papiers, ainsi qu'un feutre de fibres textiles recyclées du jute utilisé dans la fabrication des sièges de voitures. Ces expérimentations ont été réalisées en collaboration avec l'Ecole Polytechnique Supérieure de Huesca de l'Université de Saragosse et le Département dédié à l'agriculture du Gouvernement d'Aragon, ainsi que l'entreprise Sphere Group Spain. Cette entreprise fabrique du plastique biodégradable à partir d'amidon de pommes de terre pour la fabrication de sacs en plastique et développe actuellement un bioplastique utilisable dans l'agriculture. Il s'agit de trouver en substitution un matériau opaque ne laissant pas passer la lumière vers le sol, n'altèrant pas le temps nécessaire à la cultivation, et qui puisse s'auto-dégrader puis disparaître. De plus, il doit posséder de bonnes propriétés physiques pour être réparti sur le sol sans cassure.
Les premiers résultats montrent que les différents types de papiers testés sont les seuls capables d'éviter la croissance d'une mauvaise herbe indésirable, le souchet, qui traverse tous les autres matériaux. Les plastiques biodégradables présentent l'avantage d'être plus faciles à disposer sur les sols, cependant le souchet peut pousser à travers ces derniers, et ils ne sont pas économiquement compétitifs.
En Espagne, le polyéthylène est actuellement largement utilisé dans la production de la tomate et des autres légumes de l'industrie agroalimentaire, mais sa provenance en tant que dérivé du pétrole, pose le problème de sa biodégradation qui peut prendre 200 ans. De plus, son utilisation pollue les sols et lorsque les moissonneuses s'en approchent, elles obstruent le plastique laissant de petits trous ; ce qui rend difficile la culture d'épinards ou de pois qui ne tolèrent pas les restes qui se mélangent à la récolte et réduisent leur valeur. D'autre part, le polyéthylène peut se retrouver dans les voies d'eaux, ainsi que dans les gaz toxiques lorsqu'il est brûlé.
Enfin, il y a d'autres inconvénients qui s'ajoutent à son usage : bien que l'on puisse le retirer de l'eau sans qu'il se mélange, le coût de ce traitement est d' environ 150 euros par hectares et son recyclage est difficile car il contient de la terre et des restes de végétaux.