Acier : Arcelor se la joue « Monsieur propre »
Arcelor ferait-il le ménage avec la volonté que tout soit propre ? Pas de panique pour autant; le Numéro Un mondial de la production sidérurgique met tout en place pour produire des aciers propres en Europe et ce à compter de 2015… alors que d'autres renoncent à leurs coûteux projets de capture de C02, le site ArcelorMittal de Florange en Moselle est choisi pour concrétiser la « sidérurgie propre »...
Alors que certains renoncent au prétexte que le captage du carbone est très très très coûteux, en Europe, on progresse : la plateforme technologique européenne de l’acier (ESTEP), qui regroupe ArcelorMittal, ThyssenKrupp et Corus, entre autres, a choisi d’installer sur le site d’ArcelorMittal de Florange, en Moselle (nord-est de la France), un site pilote de « sidérurgie propre ». Il comprendra un nouveau procédé de fusion de la fonte qui émet moitié moins de CO2, couplé à un processus de capture et stockage de carbone, pour un fonctionnement en test entre 2011 et 2015.
Le tout est à intégrer dans un projet global appelé Ulcos, d’ores et déjà testé à petite échelle, dans un mini haut-fourneau, en Suède : ce dernier vise à réduire de moitié les émissions de CO2 dans la sidérurgie à partir de 2015, prévoit de premiers essais sur un site allemand d’ArcelorMittal, à Eisenhüttenstadt, en 2010-2014.
S’ils ont choisi Florange, c’est qu’ArcelorMittal va rénover ses hauts-fourneaux, préambule indispensable à ce projet, ce qui coûtera déjà 300 millions d’euros. Il est bon de rappeler en effet que produire 1 tonne d’acier émet 2 tonnes de CO2.
« C'est effectivement le ratio lorsqu'on extrait de l'acier du minerai », explique Daniel Soury-Lavergne, directeur général France d'Arcelor Mittal. « Lorsqu'on produit de l'acier à partir de ferrailles recyclées, on bénéficie de ratios beaucoup plus faibles. Cela étant, compte tenu des besoins mondiaux d’acier, l’essentiel de la production est fabriquée à partir du minerais ». L'usine mosellane d'ArcelorMittal dispose d'un haut fourneau permettant de valider industriellement cette nouvelle technologie
L’objectif est donc de réduire de moitié les émissions de dioxyde de carbone de la sidérurgie, et de répondre ainsi aux exigences de la Commission Européenne à l'horizon 2012. L'annonce en a été faite à Bruxelles le 5 mars, par Michel Wurth, Président d'Estep et vice-Président du groupe sidérurgique indo-luxembourgeois.
Cela étant, la mise en œuvre de ce projet pourra peut être permettre de sauver les hauts-fourneaux de Florange même si les quotas de CO2 deviennent plus drastiques. Il ne faut pas oublier qu’ArcelorMittal va supprimer la moitié des emplois sur son site de Gandrange, non loin de là. Nul doute que cette annonce a pu rassurer, au moins en partie, les élus et les responsables syndicaux lorrains qui s'inquiétaient de la pérennité du site, qui occupe 3 500 salariés, et dont un des hauts fourneaux est actuellement à l'arrêt jusqu'à l'été prochain.