7ème continent : masse de micro et nano particules de déchets plastiques
Une étude récente (M. Eriksen, PlosOne 2014) estime qu'au total 5 mille milliards de particules flottent dans nos océans. Des chercheurs ont également estimés (Jambeck, Science 2015) que sur les 300 millions de tonnes de plastique produites dans le monde chaque année, 8 millions de tonnes finissent piégées dans les gyres sub-tropicaux. Pire encore, ces travaux estiment qu'en 2025 ce chiffre sera multiplié par 10 ; soit 80 millions de tonne de plastique déversées chaque année dans les océans.
Les débris de déchets plastiques de près d'un demi-centimètre appelés micro plastiques ont le plus attiré l'attention des chercheurs ces dernières années. Les micro plastiques résultent de la fragmentation des déchets plus gros.
En mer les déchets en plastique se cassent sous l'effet du rayonnement solaire et de l'abrasion par les vagues. Nous ignorions dans quelle mesure ce processus de fragmentation se poursuivait car la fragmentation des micro plastiques conduit à des particules microscopiques qui sont extrêmement difficiles à collecter, à identifier et comptabiliser.
« Après les récentes informations sure les micro particules de plastique constituant le 7ème continent, notre nouvelle étude prouve la forte capacité der fragmentation des déchets plastiques en particules nano métriques »... « Nos chercheurs ont soumis les échantillons de micro plastiques collectés en Atlantique Nord par Expédition 7e Continent à un rayonnement solaire artificiel et ont rapidement observé une fragmentation des particules micrométriques en particules nano métriques. Les micro particules de plastique trouvées dans le 7e Continent se dégraderaient en nano particules, 30 000 fois plus petites que l'épaisseur d'un cheveu.
Nos chercheurs prouvent ainsi que la soupe de plastique du 7e Continent ne disparaît pas, mais qu'elle se fragmenterait Ces nanoparticules sont plus mobiles que les plus gros fragments et seraient plus accessibles aux organismes. Il est important de poursuivre les travaux pour évaluer l'impact de ces particules sur les organismes vivants.
Les résultats de ces travaux « confirment la complexité des projets de collecte en mer, mais aussi de l'importance fondamentale de se mobiliser à terre, pour que changent les comportements afin d'éviter que ces déchets de plastique ne se trouvent dans la nature... et dans les océans ».
« Les nanoparticules, fer de lance des nanotechnologies, sont souvent étudiées et encensées pour leurs propriétés extraordinaires et la révolution technologique qu'elles représentent. Elles repoussent nos connaissances sur le fonctionnement de la matière et de notre environnement. Néanmoins les nanoparticules peuvent également être produites de manière non-intensionnelle par l'Homme et ses activités dont les rejets plastiques font malheureusement partie. Comme pour tout objet qui se dégrade, notre intuition nous a amenés à se demander si ces débris peuvent également produire des nano-débris. Nous nous sommes alors confrontés au challenge de la détection et de la caractérisation de nanoparticules directement dans le milieu d'étude. Nous avons donc décidé de relever le défi en développant, en partenariat avec la PME Cordouan Technologies, un réacteur permettant de mettre en évidence l'apparition de nano-plastiques sous rayonnement solaire », expose Julien Gigault, auteur de l'étude.
En partant du postulat qu'une particule de plastique de quelques millimètres se fragmente en nano particules, une seule particule millimétrique peut former 1000 milliards de nano particules. Ainsi la surface totale de cette particule est multipliée par plusieurs dizaines de milliers. En sachant que la répartition des déchets plastiques dans l'océan est évaluée à plusieurs millions de km2, et considérant l'échelle nanométrique, cette surface spécifique s'élève à plusieurs milliards de km2, recouvrant ainsi en équivalence plus que la totalité de la surface de l'océan. Une étape dans le devenir des plastiques en mer est franchie, ouvrant la porte à l'étude des impacts que peuvent avoir ces particules sur l'ensemble du monde marin.
L'étude est à télécharger ici.